Azerty : ou la force de l’habitude

1 05 2010

ou pourquoi nous faisons les choses comme nous les faisons !

Le clavier AZERTY, tout comme le clavier QWERTY dont il est l’adaptation française, a été conçu à l’époque des premières machines à écrire.


En ce temps-là… la disposition des lettres sur le clavier devait répondre à 2 impératifs :

1. éviter que les marteaux de plusieurs touches contiguës ne se coincent les uns contre les autres (ce qui arrivait régulièrement avec le tout premier clavier, dont les lettres étaient classées par ordre alphabétique)

2. éviter qu’une touche ne perce le papier si elle était frappée par un doigt trop fort (l’index étant par exemple beaucoup plus fort que le petit doigt)

Pour résoudre cette double équation, les lettres ont été réparties sur le clavier de façon à ralentir au maximum la frappe et à limiter l’usage des doigts les plus agiles et les plus forts.
C’est ainsi que la lettre A, très fréquente en français, se trouve non seulement sous le petit doigt mais encore une ligne au-dessus de celle où repose naturellement les doigts.
Inversement, l’index et le majeur, plus forts et plus habiles, se voient attribuer les lettres F, G, H, J, K… bien moins fréquentes en français.
Des études ont ainsi montré que le clavier Azerty ralentirait la frappe de 30% en moyenne par rapport à un clavier qui aurait été conçu en fonction de l’occurrence de chacune des lettres dans l’alphabet français !


Les machines à écrire ont disparu, les claviers sont restés…

Ainsi, à l’heure où nos ordinateurs deviennent obsolètes au bout d’1 an à peine, la force de l’habitude fait que nous continuons à équiper nos ordinateurs ultramodernes… de claviers préhistoriques… sans que quiconque ait à y redire…

Et si cela ne concernait que les ordinateurs !
Dans la liste des bonnes manières à table figure notamment celle de
NE PAS couper sa salade avec son couteau…
En quoi est-ce mal élevé ? Qui, Quand et Pourquoi ? a-t-on décrété que cela était impoli ? Le savez-vous ???

Cela remonte en fait à Louis XIV, époque à laquelle la cour et les gens aisés utilisaient des couverts en… argent.
Or, la vinaigrette et l’argent n’ayant jamais fait bon ménage… il a donc été généralement admis,
pour une raison purement PRATIQUE, qu’il était préférable de plier sa salade avec sa fourchette plutôt que de la couper, afin de limiter l’usage du couteau et l’oxydation de la lame… (la fourchette, elle, allant dans la bouche, le problème se posait moins).

Aujourd’hui, à l’exception de rares occasions, nous utilisons TOUS des couverts en… inox !
Inox qui se moque « royalement » des attaques de la vinaigrette !
Et pourtant, et alors même que la grande majorité d’entre nous ignore tout simplement les fondements de cette soi-disant règle de politesse, cela ne nous empêche pas de CONTINUER à l’inculquer à nos enfants !

Il en est ainsi de bon nombre de nos habitudes, comme celle encore du nombre de douaniers français, resté stable depuis 1980 alors qu’entre temps, les frontières ont été supprimées au sein de l’Union Européenne…

Le problème a disparu, la solution est restée…
Et faute de nous interroger sur de telles habitudes, nous les perpétuons alors que nombre d’entre elles n’ont plus de raison d’être… n’apportent rien… voire deviennent la source d’un nouveau problème !

Remettons l’évidence en question !
Portons un regard neuf sur nos modes de fonctionnement et sur ces schémas de pensées, peut-être plus d’actualité… ou peut-être hérités du passé !

Il ne s’agit pas de changer pour changer, ni de tout bouleverser sans raison, car nombre de nos habitudes sont pertinentes et adaptées.
Mais posons-nous au moins la question, ne serait-ce que pour en prendre en conscience et les choisir à nouveau.
Demandons-nous pourquoi nous faisons les choses. Et pourquoi nous les faisons de cette façon !
Pourquoi ? Pourquoi ? 5 fois pourquoi !

Lorsque vous n’aurez plus rien à répondre, vous serez au cœur du problème, vous toucherez au fondamental et il ne tiendra alors plus qu’à vous de (re)trouver la réponse la plus « juste » pour vous !


Azerty ! Pensez-y !
Et rendez-vous le mois prochain !


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3 responses

11 05 2010
Criou

Bonjour,
Que c’est plaisant de vous lire, simple et plein de bon sens !
L’éducation que nous avons reçue a souvent eu pour effet (peut-être pour but) de ne pas nous autoriser à remettre en question ce qu’elle espérait nous inculquer.
Or, la capacité de bon sens ne prend t-elle pas sa source dans un refus de cette autorité, une plus grande aspiration à sa propre liberté ? J’ai souvent remarqué que demander pourquoi les choses étaient comme elles étaient agaçaient les personnes questionnées, et qu’il y avait une grande inertie à amener du bon sens dans ce que nous faisons.
Je travaille dans le bâtiment, dieu sait combien le non-sens a gouverné cette corporation et combien il est difficile de faire évoluer les choses. Dès qu’il y a une hiérarchie, tout se complique. merci encore.

12 05 2010
Tweets that mention Azerty : ou la force de l’habitude « Les Pense-Bêtes -- Topsy.com

[…] This post was mentioned on Twitter by Anthony Freidinger. Anthony Freidinger said: Comme quoi on s'habitue à tout ! http://pense-betes.com/2010/05/11/azerty-ou-la-force-de-lhabitude/ […]

20 05 2014
veronique

Magnifique cet article ! Je m’étais dit qu’en tapant avec 10 doigts je gagnais déjà au moins 20% de temps sur une personne qui tape avec deux doigts. Un gain de 30 % supplémentaire serait fantastique 🙂 !

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